Le chemin insolite des véhicules saisis

Le chemin insolite des véhicules saisis

Chaque année en Belgique, plus de 10 000 véhicules saisis par la police ou la douane aboutissent dans les entrepôts ou les fichiers du Fin Shop, le service du SPF Finances chargé de les valoriser pour le compte de l’État et des Régions. Que deviennent-ils ensuite ? Arnaud Fokan, Attaché au Fin Shop de Gembloux, retrace leur chemin pour nous.

Absence de certificat de conformité, défaut grave de contrôle technique : chaque semaine, la police et la douane interceptent des centaines de véhicules qui n’ont plus rien à faire sur nos routes. Les propriétaires ont 30 jours pour se mettre en ordre. Passé ce délai, le véhicule devient la propriété de l’État. C’est là que le Fin Shop entre en scène.

Le Fin Shop, vous connaissez ?

« Le Fin Shop est le service du SPF Finances chargé de vendre certains biens mobiliers pour le compte de l’État et des entités fédérées » explique Arnaud Fokan. Si vous habitez Haeren (Bruxelles), Gembloux ou Bornem, vous connaissez sans doute les vastes entrepôts de ces trois sites du Fin Shop – qui a aussi une antenne à Saint-Vith. Ces entrepôts abritent non seulement les véhicules en bon état, mais aussi d’autres biens mobiliers mis en vente par le Fin Shop sur son site en ligne : chaises de bureau, aspirateurs sans fil, mitigeurs, paires de bottes et bien d’autres, provenant principalement de saisies judiciaires, de colis postaux égarés et non réclamés, ou encore de déclassements de mobilier dans les administrations.

Un véhicule sur six revient sur la route

Qu’advient-il des véhicules confiés au Fin Shop ? « D’abord », clarifie Arnaud Fokan, « il faut préciser que nous ne nous occupons pas seulement des véhicules saisis. Nous gérons aussi les véhicules de service des différents SPF qui ont été déclassés. Ou encore ceux qui font partie de successions en déshérence, c’est-à-dire sans héritier. Soit environ 2 000 véhicules par an, à ajouter aux 10 000 saisies. »

Sur ce total de 12 000 véhicules, 2 000 en moyenne sont encore en état d’entamer une deuxième vie. Ils sont vendus aux enchères, lors de ventes publiques accessibles aux particuliers et aux garages. « Tout le monde peut les acheter, à l’exception des véhicules sans Car Pass, qui sont réservés aux professionnels » précise Arnaud Fokan. « Nous fixons des prix minima avant chaque vente. Et c’est la salle qui fait le reste, comme pour toute vente publique. »

Une bonne adresse pour les bonnes affaires ? « Ce sont des véhicules d’occasion au prix de l’occasion. Il est possible de faire de bonnes affaires et de moins bonnes. Nous vidons les véhicules mais il n’y a pas de remise à neuf : la vente se fait en l’état et il n’y a pas de garantie. Les personnes qui achètent des véhicules sans tout ou partie des documents ou sans un contrôle technique valable doivent se mettre en conformité dans le mois qui suit la vente. »

Recyclage maximum

Les 10 000 véhicules restants sont considérés comme hors d’usage, et doivent donc être dirigés vers les filières adéquates. Ici, ce sont les centres agréés par Febelauto qui participent aux enchères, par le biais de soumissions par e-mail. Ils rachètent les véhicules hors d’usage par lots, pour quelques centaines d’euros l’unité en moyenne. Ceux-ci ne transitent plus nécessairement par les entrepôts du Fin Shop : les centres de dépollution peuvent les enlever directement là où ils ont fini leur route, chez le dépanneur par exemple. Ils récupèrent ce qui est encore utilisable et recyclent ou revalorisent au maximum le reste.

« Nous sommes régulièrement en contact avec Febelauto, l’organisme belge de gestion des véhicules hors d’usage, pour vérifier si nos processus de vente sont bien conformes aux normes environnementales régionales et européennes. C’est une matière qui évolue beaucoup, avec le développement des nouvelles technologies et des voitures connectées ou électriques par exemple. »

Le Fin Shop contribue ainsi à remettre en service des véhicules qui peuvent encore commencer une nouvelle vie dans le respect des normes, et à retirer du circuit des véhicules potentiellement dangereux.

« Tous les véhicules trouvent preneur, que ce soit en vente publique ou à des centres agréés de dépollution. Ils partent généralement en quelques jours à quelques semaines. » - Arnaud Fokan, Attaché au Fin Shop de Gembloux

En savoir plus?