La vente de pièces détachées d'occasion se digitalise

La vente de pièces détachées d'occasion se digitalise

Le marché des pièces d’occasion a le vent en poupe. En 2019, les centres agréés par Febelauto ont pu réinjecter 26,1 % du poids des véhicules hors d’usage dans le circuit de la seconde main sous forme de pièces détachées. Et à l’heure du commerce électronique et de la vente à distance, le négoce des pièces d’occasion aussi se digitalise. Exemple chez Deknudt Autoparts (Leuze-en-Hainaut), qui développe un véritable magasin en ligne de pièces détachées. Les premiers pas d’un catalogue globalisé pour toutes les pièces d’occasion disponibles en Belgique ?


Historiquement, l’activité principale de Deknudt Autoparts, c’est l’achat de véhicules accidentés, en panne, porteurs de défauts techniques ou kilométrés, et la revente en l’état des véhicules qui peuvent encore prendre la route. Chaque jour, l’entreprise revend ainsi quatre à cinq voitures ou camionnettes, achetées à des compagnies d’assurances qui les ont déclassées économiquement, à des indépendants qui les ont amorties ou sont en fin de leasing, ou à des particuliers. « Nous ne revendons que des voitures de 5 ans maximum, parfois un peu plus si la voiture a d’autres points forts. Les véhicules hors d’usage ainsi que les véhicules de plus de 10 ans partent d’office au démantèlement. Comme ils ne peuvent plus entrer dans certaines villes, leur valeur est très amoindrie. »

Pièces d’occasion : une demande en augmentation

Ces véhicules plus âgés, ou impossibles à revendre en l’état, Deknudt Autoparts les met en pièces, littéralement. Une fois dépolluées, c’est-à-dire débarrassées des différents fluides polluants, les épaves sont démantelées. Tous les éléments encore utilisables partent alimenter le magasin de pièces détachées d’occasion. Chaque jour, en moyenne, l’entreprise démantèle ainsi deux à trois voitures. « Deux à trois autres sont simplement dépolluées et envoyées au broyage, sans qu’aucune pièce soit récupérable » précise Charles Deknudt.

Le magasin est une caverne d’Ali Baba pour les garagistes et carrossiers, mais aussi les particuliers : pour remplacer un moteur, une boîte en vitesse, un démarreur, mais aussi un siège de voiture déchiqueté par un chien, un phare abîmé, un enjoliveur volé, un tapis de coffre où un pot de peinture s’est renversé … « La demande est là » constate Charles Deknudt. « Depuis 5 à 10 ans, le prix des pièces neuves a fortement augmenté. »

Le succès de la pièce d’occasion provient aussi de l’évolution des mentalités en faveur de la récupération. « La nouvelle génération est très deuxième main ! » se réjouit Charles Deknudt. « Notre but, avec Febelauto, c’est de promouvoir cette économie circulaire. Une voiture, c’est comme un mécano ou un Lego : pratiquement tout est démontable, et donc revendable. Ceci dit, comme les voitures à démanteler sont souvent très abîmées, c’est un exploit si on peut en revendre 25 %. En moyenne, nous revendons 10 % des pièces d’une voiture. »

Charles et Pierre Deknudt
Charles (gauche) et Pierre Deknudt (droite) ont repris en 2000 l’activité lancée par leurs parents 30 ans plus tôt. L’entreprise familiale fête ses 50 ans en 2020. Elle est agréée comme centre de démantèlement depuis une vingtaine d’années.

Un marché de plus en plus complexe

Le marché des pièces d’occasion a ses favorites. Dans le top 5, Charles Deknudt cite les pare-chocs qui ont tâté de poteaux ou de piquets, mais aussi les capots, phares, rétroviseurs… Ensuite vient la tôlerie, et notamment les portières droites, victimes de refus de priorité.

Au fil des ans, le marché s’élargit mais aussi se complexifie. « De plus en plus, les gens cherchent non seulement le même modèle, mais aussi la même couleur, pour éviter de devoir repeindre. Certains sont prêts à faire plus de 100 km pour une pièce de la bonne marque et de la bonne couleur… »

Solution digitale

D’ici la fin 2020, les pièces les plus demandées seront présentées sur une plateforme web, avec leurs photos, leurs codes couleur, et la possibilité d’acheter à distance. « Ce système existe déjà en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, mais pas en Belgique » indique Charles Deknudt. « On mettra aussi des photos des voitures qu’on démonte. Beaucoup d’amateurs adorent fouiner, chercher la pièce parfaitement adaptée… On démonte une voiture avec intérieur cuir ? Celui qui en rêve pourra le commander en ligne, et le recevoir chez lui. »

Les deux frères Deknudt ont déjà commencé à se rapprocher des autres démolisseurs et centres agréés pour développer une plateforme web mutualisée : RE-PARTS.be, qui rassemble toutes les pièces d’occasion dans un catalogue commun. « Plus il y a de maisons sur Immoweb, plus le site draine du monde. Et plus il y a de commerces dans une rue commerçante, plus les gens y vont. Le but de ce partenariat, c’est que chaque client trouve sa pièce sur cette plateforme, quel que soit le centre où elle se trouve. »

« Les mentalités progressent en faveur de la seconde main, et c’est une très bonne chose » conclut Charles Deknudt. Il reste à prendre conscience plus largement de l’importance de ramener un véhicule en fin de vie dans un centre agréé comme le nôtre, pour que les pièces puissent au maximum être remises en circulation, et pour que le reste soit recyclé proprement. »

« La nouvelle génération est très deuxième main ! Notre but, avec Febelauto, c’est de promouvoir cette économie circulaire dans le domaine de la voiture. » - Charles Deknudt, Deknudt Autoparts

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